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Le procès des « antibassines » a repris à Niort

Des manifestations en soutien aux neufs prévenus se sont organisées tout au long de la journée du 28 novembre, jour du procès des « antibassines ».

Manifestations, débats et cortèges ont accompagné les neuf organisateurs des manifestations interdites organisées à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, qui comparaissaient ce 28 novembre 2023 à Niort.

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Le procès des organisateurs des manifestations contre les « bassines » à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a repris ce mardi 28 novembre 2023 à Niort. À la barre, neuf personnes. À l’extérieur du tribunal correctionnel, des manifestations, des prises de paroles et des débats ont été organisés par leurs soutiens. La décision a été mise en délibéré au 17 janvier 2024.

Ils encourent six mois d’emprisonnement

Poursuivis notamment pour l’organisation des manifestations interdites du 29 octobre 2022 et du 25 mars 2023, qui avaient été émaillées de violents affrontements avec les forces de l’ordre, huit des neuf prévenus sont entrés ce matin dans le tribunal en scandant « No Bassaran » et « On bâche rien », rapporte l’AFP. Avant l’audience, le président Eric Duraffour a coupé sèchement Julien Le Guet qui répondait dans la salle à des journalistes, en déclarant : « Ici, c’est un tribunal, pas une tribune ».

« On peut espérer que le juge du tribunal de Niort estime lui aussi que prendre part à ces grandes mobilisations pour la défense de l’eau, pour la défense du climat, ne mérite absolument pas d’être condamné », a déclaré avant l’audience Benoît Feuillu, militant des Soulèvements de la Terre, dont la dissolution demandée par le ministère de l’Intérieur a été annulée au début de novembre par le Conseil d’État.

« On vient demander la relaxe », a renchéri Julien Le Guet, porte-parole du collectif « Bassines non merci » (BNM), qui réclame un moratoire sur ces réserves. « Aujourd’hui ce n’est pas le bon jugement, a-t-il poursuivi. Aujourd’hui c’est celui de ceux qui préservent l’intérêt général ».

Les neuf organisateurs encourent six mois d’emprisonnement, outre des peines complémentaires pouvant aller jusqu’à la privation des droits civiques.

À la fin de l’audience, les neuf prévenus ont publié une déclaration commune dans laquelle ils affirment que « désormais, ces questions autour de l’eau sont largement relayées et débattues dans le débat public », espérant que « cessent les poursuites à l’encontre des défenseurs de cet absolu bien commun ». Le parquet a requis de six à douze mois de prison avec sursis à l’encontre des neuf prévenus, en plus d’amendes et de diverses interdictions, comme celle d’approcher des réserves de substitution.

« On essaie de faire au mieux », plaident des agriculteurs

Deux agriculteurs, victimes de dégradations en marge des manifestations « antibassines », sont ensuite venus s’exprimer à la barre, poursuit l’AFP. « On n’en dort plus la nuit quand on sait qu’il va y avoir des manifestations, a déclaré Arthur Perrault, 30 ans, futur agriculteur raccordé à la réserve de Sainte-Soline. C’étaient deux périodes assez dures, une pression forte, et avec, forcément, des dégâts sur nos cultures. »

« Ce projet de réserve est nécessaire pour l’exploitation, pour avoir du fourrage l’hiver pour nos bêtes, prévenir des années sèches, avoir une alimentation de qualité et une rentabilité économique pour assurer la gestion de l’exploitation », a expliqué Guillaume Raynaud, 42 ans, membre de la Coop de l’eau, groupement d’agriculteurs qui porte le projet de ces 16 réserves contestées. « On essaie de faire au mieux, de l’irrigation raisonnée, uniquement la nuit. On ne peut pas survivre sans un minimum d’irrigation », a ajouté cet exploitant qui fait de la polyculture en agriculture biologique et élève des bovins allaitants.

Après ces témoignages, des spécialistes de l’eau et de sa gestion ont été entendus avant les réquisitions du parquet et les plaidoiries des six avocats de la défense, qui pointent « la faiblesse de l’enquête ».

Manifestations, défilés et débats organisés en soutien

Pendant ce temps, plusieurs rassemblements en soutien aux organisateurs, accompagnés de prises de parole, ont eu lieu devant le tribunal correctionnel, puis devant l’entrée de la réserve de substitution d’Oulmes à Niort, et également à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme, ou encore à Douai, dans le Nord. Un « mégabassine-tour », comme le nomment les organisateurs, s’est également élancé au début de l’après-midi.

La Confédération paysanne, dont l’ancien porte-parole national Nicolas Girod fait partie des prévenus, a également animé une table-ronde sur le thème du « Patronage laïque », intitulée « Eau et agriculture paysanne ».

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